Ces petits riens qui nous animent
Quand trop de clichés...
Au départ je pensais parler de ce livre dans un article spécial flops du mois.Seulement voilà, Ces petits riens qui nous animent ne m'a pas simplement déplu, il m'a énervée. Il a fait hérisser tous mes poils de féministe.
Je me suis posée la question. Est-ce que j'en parle ? Est-ce que j'envoie un message à l'attachée de presse pour lui dire que je zapperai ce livre ? Est-ce que je vais "faire de la peine" à l'autrice ? Me montrer irrespectueuse ? Me faire sauter à la gorge par les fans ?
Et puis je me suis rappelée que je déteste l'uniformité des réseaux sociaux.
Si ne parlent que ceux qui aiment, il n'y a pas contre-point de vue, il n'y a pas débat.
Pour que les choses avancent il doit y avoir confrontation, avis divergents et débats...
La cocue, le gay et l'hypocondriaque...
Ça commence presque comme une blague sauf que ça ne m'a pas fait rire du tout !
Aude vient de découvrir que son mari la trompe.
Alexandre doit choisir entre son amour et sa famille.
Nicolas erre en se demandant pourquoi son frère a loupé leur rendez-vous.
Les trois protagonistes se croisent dans un parc où une jeune fille est prête à se jeter dans le vide.
Pour qu'elle accepte de revenir du bon côté de la barrière, ils lui promettent de l'aider à retrouver sa mère.
Nous avons donc Alexandre. Gay. Petite chose sautillante, toujours de bonne humeur, pro du relooking. Parce que forcément le gay est la bonne copine qui t'aide à faire ton shopping.
Premier cliché vu et re-revu.
Le second cliché ? Le père de Charlène. Le mec bourru, celui que l'on ne doit pas aimer au début et qui se révèle au fil des pages. Je te laisse deviner la suite. Sûre que tu la tiens...
Ensuite nous avons Aude.
Son mari la trompe. On lui répond donc qu'il est temps qu'elle se reprenne en mains. Revenge body.
Ouep, quand tu es cocue c'est un petit peu de ta faute, tu te laisses aller ma grande alors tu files t'acheter des fringues et faire du sport.
Parce qu'une femme DOIT avoir un homme dans sa vie. Et pour attirer le mâle, elle DOIT être "bien" fringuée et avoir la fesse ferme.
Ton assurance, ta confiance en toi, que dis-je, ton bonheur passe par Zara...
Oui Zara est cité. Tu sais, cette chaîne qui vole les idées des petites créatrices et dont les vêtements font le tour de la planète avant d'arriver sur ton dos...
Ajoute à ça qu'après à peine 5 pages - la présentation des personnages - tu sais déjà qui va finir dans le lit de qui.
Le livre à peine entamé tu devines le grand final. Sans surprise.
Je sais bien que l'autrice a voulu d'abord prôner de belles valeurs : entraide, solidarité, amitié, bienveillance...
Mais les ficelles ne sont pas grosses, elles sont énormes.
Je n'ai cru à rien dans ce livre.
Des inconnus qui arrêtent tout dans leur vie pour aider une adolescente de 17 ans ?
Les dialogues sonnent faux également.
Jamais une jeune fille de 17 ans ne parlerait comme Charlène.
Qui enverrait ce genre de texto à son mari qui vient de la tromper "Je crois que tu ne comprends pas combien je souffre. Je me sens souillée en tant qu'épouse, trahie en tant qu'amie, et dépouillée en tant que femme. [...] Je crois nécessaire de faire un bout de chemin seuls, de poser nos valises respectives et d'en inspecter soigneusement le contenu."
Même après un litre de mojitos, personne n'envoie ce genre de messages...
Ou alors je vis dans un autre monde, moins rose bonbon... Quand je suis fâchée et déçue je ne "pose pas mes bagages", je les lui lance à la tronche. Chacun voit midi à sa porte ^^
J'ai toujours détesté le feel-good, la chick lit', les romances mielleuses.
La plupart de ces romans, non qu'ils prônent le sexisme, mais contribuent à normaliser une vision de la femme totalement dépassée.
Je sais que ce n'est pas intentionnel. De la même façon, certains auteurs jeunesse s'évertuent à mettre maman à la cuisine et papa sur le fauteuil du salon avec son journal. Ils ne pensent pas à mal. Mais ils perpétuent une culture du sexisme.
Faire du gay un cliché qui aime les fringues, de la cocue la chose fragile qui doit se reprendre en mains pour finalement tomber dans les bras du premier mec qu'elle a croisé c'est normaliser l'anti-féminisme et les préjugés.
Quand la première réponse faite à une femme dont le mari la trompe avec une minette sexy est "relooke-toi et fais du sport", c'est cautionner l'image de la femme-objet.
Aucune femme ne devrait faire ça aux autres femmes.
Bref, je n'ai pas aimé ce livre. Du tout !
Mais la couverture est belle.
Et ce n'est que mon avis. Qui vaut ce qu'il vaut.
Les autres lectrices d'IG et Babelio, bien plus habituées à ce genre, ont quant à elles adoré ce roman.
Peut-être ai-je mal saisi le message. Peut-être me suis-je focalisée sur ce que les autres n'ont vu que comme des détails.
Ou peut-être que nous sommes une génération à qui on a trop raconté l'histoire du prince charmant et de son baiser qui réveille...
Il serait temps que la princesse fasse ce qu'elle souhaite, que son accomplissement soit ailleurs que dans le couple et qu'elle n'ait plus besoin de la robe de bal de marraine la fée et d'une paire de pompes pour se faire remarquer...
Romantisme ou sexisme ? A chaque lecteur sa réponse...
Ensemble, on est plus forts !Ce matin-là, Aude est venue trouver refuge au parc des Buttes-Chaumont après avoir découvert l'infidélité de son mari.
Alexandre, lui, est contraint de faire un choix entre son grand amour et sa famille.
Quant à Nicolas, il s'inquiète des motifs qui ont poussé son frère à annuler le rendez-vous qu'ils avaient ensemble dans ce même parc.
Chacun plongé dans ses propres tourments, Aude, Alexandre et Nicolas débouchent en même temps sur le pont qui mène à l'île du Belvédère. Face à eux, une adolescente suspendue dans le vide menace de sauter. Portés par un même élan, sans réfléchir, ils se précipitent tous les trois pour la retenir.
Aucun d'eux n'imagine alors combien ce geste va profondément transformer leur vie.
Car ce sauvetage a un prix : celui de la promesse qui les lie désormais...
Une grande histoire d'amour et d'amitié comme on rêve tous d'en vivre.
Ces petits riens qui nous animent, Claire Norton
Éditions Robert Laffont
456 pages
20€
ISBN 2221247116
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